On va devenir fou avec ça.
Je sens qu'on se dirige vers un mauvais chemin avec le vent d'accommodement raisonnable qui s'abat sur le Québec depuis l'histoire d'Hérouxville. Je ne peux pas croire qu'on a expulsé une jeune fille voilée d'un tournoi de soccer. Je nen reviens tout simplement pas. Ici, j'apprends à mes enfants la tolérance, le respect et le partage et on se réjouit de constater à quel point Montréal est harmonieusement colorée.
En jouant au soccer on ne peut pas s'étrangler et on ne peut pas blesser quelqu'un non plus en portant le foulard. Il me semble que la FIFA (fédération internationale de football association) n'interdit pas le port du turban ni du foulard! Pour avoir été entraîneure de soccer durant 4 ans, jamais je n'aurais empêché un jeune de faire du sport, sous prétexte qu'il porte un morceau de tissus. Je trouve qu'on dépasse les bornes et je le trouve depuis longtemps. On dirait qu'il n'y a plus de demi-mesure, on ne nuance plus ses propos, ses opinions.
Ça m'attriste de nous voir déverser dans l'intolérance à ce point. Il est vrai qu'il a fallu plus de cinquante ans d'efforts collectifs pour nous libérer de l'emprise de l'Église et de la religion sur nos vies. Qu'il a fallu aussi plusieurs décennies pour obtenir l'équité salariale et que ce n'est pas encore fini. Que tous nos efforts sont considérables et qu'il ne faudrait pas faire un pas en arrière ou du moins, nous ralentir dans notre élan de libération en tant que femmes et qu'Être humain au Québec. J'admets ouvertement qu'un immigrant doit respecter les lois, les règles, le passé, et l'histoire de leur terre d'accueil, et que l'intégration à une société commence par le respect de ses traditions et de ses coutumes. N'y aurait-il pas une petite place pour tolérer l'autre dans ce qu'il est fondamentalement? C'est tout. Je ne me sens pas brimé lorsque je vois un voile ou un turban moi. Ça ne me concerne pas et je sais faire la part des choses. S'il y a quelque chose qu'on ne devrait pas tolérer et ce, même ici chez les québécois, c'est la violence. Point. La réalité dans cette histoire-ci: Si on refuse le voile, la jeune musulmane ne jouera plus au soccer et moi ça me touche.
L'héritage que je laisserai à mes enfants est sans nul doute de faire leur chemin le plus honnêtement possible. Se respecter soi-même d'abord pour ensuite savoir mieux respecter l'autre dans ce qu'il vit, est pour moi une preuve d'ouverture et d'harmonisation intérieure et sociale. C'était mon opinion sur le sujet et je souhaite que cette jeune musulmane puisse rejouer de son sport favori ici au Québec, parce que le soccer est un merveilleux sport. Cette expulsion d'un match sous prétexte que le voile pourrait être dangereux cache autre chose que ce qu'il veut bien laisser voir... Ça ne dérange personne sur un terrain de soccer, seulement ceux qui cherche à débattre en ce moment, et donc, surement pas les jeunes en culottes courtes courant derrière un ballon.